Les notables pantins musulmans
rideau
caid algerien

Dans l'Est algérois, l'une des plus grandes figures parmi les notables-pantins musulmans qui bénéficiaient du soutien de la France, était F... Abdelkader.
Ce F... Abdelkader, impressionnant dans sa gandoura blanche, portait une belle tête de bon Arabe sur des épaules solides et inspirait confiance au Gouvernement général qui s'appuyait sur lui. Cette confiance était pourtant basée sur la plus merveilleuse escroquerie jamais montée en Algérie.
 F... Abdelkader avait créé l'association des petits fellahs, dont il était à la fois le secrétaire général et l'unique membre. Cette association des petits fellahs jointe. à un bagou extraordinaire lui avait suffi pour se faire prendre au sérieux par différents gouvernements généraux et par les gouverneurs successifs. Il était devenu l'archétype du musulman en qui la France mettait sa confiance, sur qui elle s'appuyait !
D'une vénalité totale, il attendait avec impatience les crises ministérielles pour se faire de l'argent. Les changements de gouvernement renouvelaient les ministres, qu'il pouvait taper en faveur des ses protégés. Et les nouveaux ministres qui se renseignaient sur F... Abdelkader obtenaient les renseignements les plus élogieux! A sa manière il avait pourtant une certaine forme d'honnêteté envers ses frères musulmans. Il avait un barème fixe et s'y tenait. Ce qui n'était pas si commun.
Ses rentrées n'étaient pas négligeables. Cent mille à deux cent mille francs pour une Légion d'honneur ou un poste de caïd, un peu moins pour un poste de garde champêtre ! Pendant des années il terrorisa les préfets et sous-préfets qui se succédèrent dans son département et qui tentaient d'intervenir pour interrompre ses manoeuvres malhonnêtes. Chaque fois, le haut fonctionnaire se faisait taper sur les doigts par le Gouvernement général ou même directement par Paris ! Plus F... Abdelkader était malhonnête, plus sa puissance s'accroissait !
Il avait une sorte de génie de la publicité. Il ne se contentait pas d'obtenir une place, un ruban, contre quelques centaines de milliers de francs, il fallait qu'il montre sa puissance. Il allait à la sous-pré­fecture demander un poste pour l'un de ses protégés, puis, en sortant, se rendait au café en face en compagnie de Mohamed, ou de Mahiédine, ou d'Ali, subjugué par son autorité. Là il demandait au téléphone Anjou 28-30, le ministère de l'Intérieur !  Il obtenait bien sûr le standard et commençait alors, avec une standardiste ahurie, une conversation à sens unique destinée à montrer à son protégé combien ses affaires étaient en  bonne voie.
  Et il raccrochait, triomphant. C'est deux cent mille pour ta Légion d'honneur. Le ministre est d'accord. Tu as entendu ?  Non seulement le brave Mohamed, ou Ali, payait, mais en plus il répandait alentour à quel point F... Abdelkader était à tu et à toi avec le ministre. Une communication téléphonique qui rapportait de l'or ! On pouvait compter sur F..., il obtenait toujours ce qu'il avait promis. D'ailleurs il se faisait payer en deux fois, une partie à la commande et le solde après satisfaction !
Ces notables musulmans, ces hommes vénaux, exploitant sans vergogne la confiance que leur prodiguaient bien légèrement les représentants de la France allaient faire un mal considérable. La non-représentativité de ces personnages allait être tragi­que. Non seulement ils ne seraient d'aucune utilité le jour de la révolution venu, mais en outre, coupés de la masse laborieuse et agissante, ils ne sauraient prévenir des mouvements qui l'agitaient.

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